Le mieux est l’ennemi du bien en analyse décisionnelle
Cessez d’avoir peur de ne pas prendre la bonne décision (voir si on peut améliorer le titre par exemple « Pour les décisions, le mieux est l’ennemi du bien ») Diriger, c’est accepter de se tromper
En tant que dirigeant d’entreprise – mais également tout au long de votre carrière – vous arpentez des arbres de décision tel un explorateur dans la jungle amazonienne. Certains sont des impasses, d’autres ont des ramifications qui s’étendent un peu partout dans la mangrove et auront des répercussions pour les années futures, voire pour l’entièreté de votre carrière (et donc de votre retraite éventuellement, pour rester dans la thématique actuelle ?)
Et c’est bien là que le piège se referme sur le pauvre explorateur qui est persuadé qu’il doit forcément trouver le meilleur chemin pour avancer vers un hypothétique trésor caché alors qu’il lui suffit de trouver un chemin qui avance pour parvenir à une découverte. Les innovateurs, les penseurs, les dirigeants efficaces ne perdent pas de temps et d’énergie à toujours chercher la meilleure solution, ils se « contentent » de veiller à ce que chaque décision prise donne de bons résultats. Ils tentent, explorent et voient ce que ça donne. Des fois, ce sont des pièges, mais des fois ils découvrent des merveilles. Pour synthétiser, le bien l’emporterait donc sur le mieux.
En réalité, on ne peut pas déterminer, même avec tout le temps et les analyses du monde, quelle est la meilleure décision à un instant T parce qu’on n’en maîtrise pas toutes les ramifications à long terme. Le meilleur chemin dans la jungle est peut-être bloqué par des rochers plusieurs kilomètres plus loin, le rendant impraticable. De plus, le fait de toujours vouloir hiérarchiser les décisions de la meilleure à la moins bonne peut conduire à une véritable paralysie, surtout si les critères de choix sont nombreux, délicats à estimer et assez proches les uns des autres. Plus nous tentons de faire preuve d’objectivité, plus nous oublions les facteurs qui ont pourtant fait notre succès et qui sont subjectives : l’intuition, l’émotion, le ressenti et même l’instinct.
Une notion à rattacher à cette problématique est celle de l’ « agentivité », un concept qui désigne la capacité d’une personne à intervenir sur les autres et sur le monde. Plus on se focalise sur la décision, moins on fera d’efforts pour ensuite l’appliquer et la remettre en cause le cas échéant, donc on perd en agentivité et en impact sur notre environnement. L’explorateur a le droit de se tromper, de revenir en arrière si le chemin parait dangereux. Le plus important est d’analyser pourquoi le chemin était dangereux (la présence de pygmées cannibales, une rivière remplie de piranas, etc…) et ne pas refaire la même erreur. Et cela envoie un signal fort à ses collaborateurs : on a le droit de se tromper. Sinon, on ne tente plus rien et on ne propose plus rien de peur de se tromper. Le dirigeant a le droit de questionner sa décision après l’avoir prise : « ais-je pris le bon chemin ? » et ne pas s’enfermer dans un entêtement. Et ça ne sera pas preuve de faiblesse mais plutôt de lucidité et maturité.
Comme un explorateur qui conscient qu’il a un chemin à explorer arrête de surveiller les alentours à la recherche de raccourcis. A l’inverse, si on est convaincu que l’important n’est pas la décision elle-même mais les efforts à y appliquer ensuite pour la rendre opérationnelle alors on peut avoir une véritable flexibilité qui va nous donner une influence sur notre écosystème.
Pour conclure, nous ne devons évidemment pas prendre des décisions à tour de bras sans réflexion et tomber dans le piège du premier jaguar venu, mais nous devons trouver un bon équilibre entre critères objectifs qui permettront de faire une première analyse des choix disponibles par exemple, et critères subjectifs qui permettront de les départager, afin d’éviter la paralysie, fatale dans la jungle de l’entreprise et de sa compétition.
#explorateur #indianajones #osons #tentons #créativité #lerreuresthumaine #innovation